Rûmi


Techniques mixtes, 1998-2004












JALÂL-AL-DÎN RÛMÎ



Ses disciples l’appelèrent avec ferveur et tendre respect « Notre Maître ».
Ses parents l’appelèrent Muhammad d’abord, du nom du prophète de l’Islam. Ils l’appelèrent de surcroît Jalal al-Dîn : grandeur de Dieu, majesté de Dieu.

Il est né au sud de Samarcand, non loin de Mazâr-al-Sharif, à Balk, dans les montagnes d’Afghanistan, en 604 de l’Hégire et 1207 de l’ère chrétienne. Avant que les invasions mongoles puissent les atteindre, les parents de Jalal-al-Dîn avaient fui Balk. D’Arménie, ils avaient traversé l’Irak, l’Arabie, la Syrie.

Jalâl-al-Dîn qui s’était marié à dix-neuf ans et qui avait deux fils, fait la connaissance d’un personnage qui le fascine : Shams de Tabriz. Ce Shams arrive à Konya en 1244. C’est un derviche, il est jeune, il est beau. On le surnomme le
« derviche volant ». En persan, darwus signifie « pauvre », « pauvre de Dieu Amour ». Désormais Jalâl-al-Dîn revêtira la robe noire du soufi. Il abandonne sa chaire de droit coranique pour enseigner la voie de l’union avec Dieu. Il abandonne, dit-il, la religion du rite, du savoir, de la Loi pour la foi de l’amour, de son ivresse. Il se perd dans la science intuitive de l’amour, dans l’exploration du regard intérieur qui conduit à Dieu.

Les disciples de Jalâl-al-Dîn haïssent Shams de Tabriz. Ils haïssent cette explosion que déchaîne cet être rayonnant. Shams de Tabriz reprend sa route. Cependant la personnalité de Jalâl-al-Dîn telle qu’elle était jusqu’alors se métamorphose à jamais. Il devient l’un des grands mystiques d’un Islam différent. Il devient un « soufi », l’un de ses soufis illustres, à la fois vénérés par de nombreux musulmans et à la fois cruellement persécutés par une certaine autorité théologienne qui se pose en gardienne farouche et intransigeante de la Loi. Autorité qui exerce « une pointilleuse hégémonie » sur la société musulmane et qui considère le soufisme et ses tenants comme hérétiques.
















Jalâl-al-Dîn meurt en 1273. Il avait écrit :

« Pourquoi ne veux-tu pas

Que la partie rejoigne le tout

Le rayon, la lumière ?

Dans mon cœur je contiens l’univers,

Autour de moi le monde me contient. »




Tariffe Raslain met au service de la poésie mystique de Jalâl-al-Dîn tout son art de calligraphe – infographe. Chacun des tableaux qu’il illustre ou plutôt chacun des vers qu’il a choisi et dont Jalâl-al-Dîn est l’auteur, nous est offert en arabe et, surprise, en français, dans une symphonie de couleurs, une symphonie apaisante et cependant exaltante.




Jalâl-al-Dîn,

Tariffe Raslain,

nous livrent le « gayb », l’absent en arabe, l’inconnu, celui qui se dissimule et qui, cela semble aller de soi, ne peut se faire connaître que dans le secret des cœurs, des esprits.


Josée BALAGNA COUSTOU























































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